mardi 1 juillet 2008

La STM, les enfants et les usagés...




Parce que je suis fière, je porte mon chandail de camp pour me rendre à mon travail. Dans mon dos est écrit en grosses lettres jaunes : COORDONATRICE.

J'ai l'air importante, je travaille avec les enfants... je suis un peu comme la pro des p'tits qui pleurent et qui mouchent, finalement la "Bambou" que je devient la moitié de l'année rassure bien souvent.

Fait étrange, je ne suis pas "Bambou" 24h sur 24, 7 jours semaine... et oui, Bambou est aussi Natacha et pire, m'arrive même de sortir dans les bars et d'avoir une vraie vie.

Ce matin donc, je suis Natacha avec un chandail de camp et je tente de lire tranquillos mon livre sur l'Histoire du Québec et ses belles années de noirceurs, cours d'été oblige...

Bref, j'ai mon costume, les compétences mais je NE suis PAS au boulot... Il est 7h du mat, j'ai juste envie d'arriver au boulot comme tout le monde.

Mais non, ça ne se passe pas ainsi... Il y a cette dame, jeune trentaine qui traîne son petit monstre de 4 ans dans un carrosse. La p'vre petite fille ne fait pas que pleurer, elle hurle... elle hurle à l'agonie !

C'est insupportable !

Je ferme les yeux, j'espère que ça passe... TOUT le monde espère que ça passe.

Ça ne se passe pas.

Elle pleurs toujours et de plus en plus fort... C'est tout simplement insupportable.

J'en peux plus et de toute façon j'ai mon super costume de Bambou, autant en profiter !

Je me lève, traverse l'autobus jusqu'à la petite famille, jette un coup d'oeil rapide aux personnes qui l'entoure, personne ne cligne des yeux c'est le festival du déni. Je m'agenouille devant l'enfant et je commence mon show...

- Allo ma belle, (clin d'oeil à la mère) Tu as vue, tu n'es pas seule dans l'autobus... blabla... tu vois, personne d'autre ne cris. T'as maman à raison... faut se calmer...

La mère s'excuse, elle est fatiguée, elles sont debout très tôt. C'est une situation très embarassente, pour tout le monde en fait. Je frotte le dos de la petite, je parle un peu avec la maman. Non madame, la société ne vous tourne pas entièrement le dos, vous n'êtes pas seule...

La scène dure moins de 2 minutes, la petite pleurs un peu... se calme et fini par se taire.

C'est redevenue normal dans la 139 direction Nord : tous des innonus, en silence...

Merde !! C'était quoi d'aider la mère. Je me dis qu'elle aurait du dire à sa fille : "tu vois ma fille, tu peux faire ce que tu veux, jamais ils ne poserons un regard sur toi. Ça et la mort c'est pareil. Aller cris plus fort pour casser ce silence monstreux. Cris ma fille, tu n'existes pas vraiment..."

Dans mon coeur, les gens de cette autobus sont coupable par ce silence... Cette jeune mère était en détresse, c'est le règne du chacun pour soit. Pfff... c'est le règne du n'importe quoi oui !!

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