lundi 9 mars 2009

"Vite, des états généraux sur l'université"

L'un de ses secteurs, les sciences humaines, subit tout particulièrement des assauts répétés venant des gouvernements tant fédéraux que provinciaux. Ainsi, depuis quelques années, il nous a fallu, comme prof-demandant-de-l'argent, indiquer quelles retombées nous prévoyions pour nos subventions. Malaise dans la subvention mais, « financement » obligeant, nous nous sommes pliés, parfois à notre esprit défendant, à concevoir des retombées concrètes; la recherche a ses raisons que la subvention ne connaît pas.Puis ont déferlé à partir de l'an 2000 les Chaires de recherche du Canada. Fort bien : près d'un milliard de dollars engagés dans la recherche ! Et quelque mille chaires ! Toutefois, il faut craindre le gouvernement fédéral, même quand il nous donne des cadeaux. En effet, l'on compte présentement 1 867 chaires au Canada, dont 416 (22,3 %) en sciences humaines; ce qui déconcerte cependant, c'est que les professeures et professeurs de sciences humaines représentent 50,7 % du corps professoral.
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Notre gouvernement provincial regarde lui aussi de très haut les sciences humaines. Mais comment s'en étonner, les organismes subventionnaires - et par conséquent la recherche subventionnée - dépendant d'un ministère au nom philosophico-littéraire de « Développement économique, innovation et exportation » ? Dès lors, divulguant en 2007 sa « Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation », il était séant que ledit ministère favorisât les recherches « orientées en priorité vers les domaines qui revêtent un caractère stratégique pour le développement économique et les besoins de l'innovation » et « utilisées de manière à faire une place de choix à la valorisation et à la commercialisation des résultats de la recherche. »
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Ce n'est pas une loi qui changera quoi que ce soit. Encore moins un budget ! Le moment est venu de prendre une grande respiration collective, et de réfléchir au type d'université que nous voulons. On coule à la pièce, mais on ne réglera rien à la pièce. Après ces quinze années dans des eaux agitées, il importe, de toute urgence, de tenir des États généraux afin de déterminer quel type d'université nous voulons (et ne voulons pas).

C'est ce que le dernier Conseil fédéral de la FQPPU appelle de toutes ses forces [...].

Pierre Hébert
Vice-président de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université. Il écrit au nom du Comité exécutif de la FQPPU.

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